Conversation en deux temps avec l’organiste Patrick Wedd


Avec notre concert « Montréal, la ville aux 100 clochers » qui approche, nous vous invitons à faire une petite incursion dans l’univers d’un maître du plus imposant instrument de la planète. Patrick Wedd, qui est titulaire de l’orgue de la cathédrale anglicane Christ Church de Montréal et un des trois solistes de l’événement de samedi, répond à nos questions en deux temps

Premier temps : L’orgue

 

Quelles sont les qualités premières que vous recherchez dans un orgue?

 

D’abord, la fiabilité mécanique. La hantise des organistes est d’avoir à composer avec un problème mécanique durant un concert, notamment un cornement qui peut même nécessiter une interruption pour corriger la situation tellement il peut gâcher l’interprétation d’une œuvre. Je suis chanceux, ça ne m’est jamais arrivé. La souplesse tonale et la fluidité des sons entre eux sont d’autres qualités qui m’importent. Les couleurs sonores d’un orgue bien conçu et accordé s’harmonisent à merveille et permettent à la musique d’offrir toute sa richesse.

 

Y a-t-il des différences marquantes entre les orgues anciens et les nouveaux?

 

Les différences découlent avant tout des demandes de l’acheteur au moment de la fabrication de l’instrument. Un orgue conçu pour un style particulier de musique aura une sonorité typique d’une époque. Un orgue conçu pour répondre à une variété de styles musicaux sera plus polyvalent. Autrement, l’orgue demeure un instrument mécanique. Si les modèles d’aujourd’hui sont plus perfectionnés, leur fabrication reste un travail artisanal comme pour les anciens.

 

La dimension d’un orgue a-t-elle une importance sur sa polyvalence et sa sonorité?

 

Non. Un orgue à deux claviers peut être aussi polyvalent qu’un autre à cinq claviers. Ce sont les compétences et l’ingéniosité du facteur qui permettent à la base de créer un instrument souple et riche en couleurs sonores pouvant s’adapter à plusieurs styles musicaux. Les habiletés et l’inventivité des organistes à conjuguer avec les éléments de l’instrument permettent aussi d’en multiplier les couleurs.

 

Et l’espace où il est installé?

 

Ça, oui. Un grand espace augmente l’effet de la sonorité tandis qu’un petit espace lui donne une couleur plus intime. Dans un cas comme dans l’autre, tant que le facteur a su bien adapter l’orgue à son environnement, il est possible d’offrir de grandes performances musicales dans tous les lieux.

 

Quel est l’orgue sur lequel vous préférez jouer?

 

J’aime beaucoup l’orgue de la basilique de l’oratoire Saint-Joseph. Sa sonorité est magnifique. Chaque son qui sort de cet instrument a une beauté particulière. L’acoustique est fantastique. On peut jouer avec les sons de mille et une façons.

Deuxième temps : La vie de concertiste

 

Un organiste peut-il être stéréotypé de la même façon que peut l’être un acteur?

 

Oui, mais contrairement à l’acteur qui sera souvent stéréotypé par son milieu, l’organiste sera l’architecte de cette situation par passion ou par sa propre volonté de vouloir s’investir dans un univers musical afin de l’explorer en profondeur. Il sera reconnu pour son expertise. Du fait de mon travail d’organiste d’un lieu de culte, j’ai dû m’informer sur une grande variété de musique afin de répondre adéquatement aux cérémonies qui s’y tiennent. Sans être stéréotypé, car je ne me limite pas à cet univers, je suis associé au répertoire d’églises parce que j’ai une vaste connaissance de celui-ci.

 

Comment vous préparez-vous à jouer sur un orgue sur lequel vous n’avez jamais joué?

 

Une des plus grandes joies et un des plus grands défis du métier d’organiste est que chaque instrument sur lequel nous jouons est différent. L’orgue est le seul instrument dont la conception doit être adaptée au lieu où il est installé. L’éventail d’instruments et les sons qu’ils produisent sont donc extrêmement diversifiés. La première fois qu’on joue sur un orgue est un moment qui peut être aussi plaisant que déconcertant. Pour bien se préparer, c’est important d’avoir assez de temps de pratique afin de se familiariser avec ses particularités, trouver nos repères et découvrir ce que l’instrument peut nous donner pour mettre en valeur la musique. J’ai pu pratiquer une vingtaine d’heures sur l’orgue de l’OSM en prévision du concert, un luxe que j’ai rarement.

 

Quel est le temps minimum souhaitable pour vous familiariser avec un orgue?

 

Huit à dix heures de pratique sont habituellement convenables. Ça dépend de la durée du concert, du nombre de pièces et du type de musique qu’on a à interpréter. Certaines œuvres contemporaines contiennent de grandes variations musicales et rythmiques et laissent le libre choix de la registration à l’interprète, ce qui exige plus de temps de pratique pour établir celle-ci afin que les sonorités soient à point. Par comparaison, les sonorités de musique ancienne sont plus uniformes et la registration est souvent précisée pour chaque pièce, ce qui réduit le besoin de pratique.

Gesù-organiste

Si cette petite incursion vous a plu, nous vous invitons maintenant à vivre la fabuleuse aventure musicale et visuelle du concert « Montréal, la ville aux 100 clochers ». En collaboration avec les organistes Rachel Laurin, Michel Bouvard, Patrick Wedd et le photographe Antoine Saito, nous avons tout mis en œuvre pour vous offrir une soirée assortie à l’halloween qui vous donnera des frissons d’émotion!

Avec ce concert exclusif, l’OSM espère vous offrir une soirée qui résonnera longtemps en vous. Pourrait-il en être autrement avec un rendez-vous conçu pour célébrer Montréal, la ville aux 100 clochers?

Le concert Montréal, la ville aux 100 clochers sera présenté à la Maison symphonique de Montréal, le samedi 28 octobre à 20h.

 

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