Matthew Ricketts, jeune compositeur-voyageur


Le thème du voyage domine la musique du jeune compositeur canadien Matthew Ricketts, à qui l’OSM a commandé deux œuvres.

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Entendre sa musique naître dans l’espace : c’est le bonheur singulier qu’a vécu Matthew Ricketts au printemps 2017. En direct de la station spatiale internationale, un astronaute français a joué sur une tablette les premières notes de Highest Light, avant que l’organiste Jean-Willy Kunz reprenne le morceau pour sa création mondiale à la Maison symphonique de Montréal.

 

Cette première cosmique rend bien justice à l’ambition pourtant simple et très humaine de Matthew Ricketts : faire voyager ses auditeurs. « C’est ce que je cherche avant tout, explique le jeune compositeur. Toute ma musique est une invitation au voyage. »

 

Celui qui a d’abord voulu devenir architecte puise son inspiration dans diverses disciplines : poésie, cinéma, architecture, philosophie. « Ma musique est un peu la synthèse de ces influences, dit-il. Elles me permettent de cultiver une esthétique personnelle qui m’incite à partager, par mes compositions, une vision originale du monde. »

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Après des études en composition amorcées à l’Université McGill, Matthew Ricketts s’est distingué parmi les jeunes compositeurs canadiens, de sorte que l’OSM lui a déjà commandé deux œuvres dans le cadre de l’initiative Zoom sur la création.

 

Ses premières œuvres étaient pour des voix, des instruments individuels ou de petits ensembles. Même lorsqu’il ne s’agit pas de musique vocale, la voix humaine tient une grande place dans la musique de Matthew Ricketts. « J’aime jouer avec le texte, explique-t-il. Même lorsqu’un morceau n’est pas chanté, je le pense comme un texte qui se déroule. »

 

Il se sent d’ailleurs proche de plusieurs compositeurs qui ont fait briller la voix : Wagner et ses opéras, mais aussi des artistes des 14e au 17e siècles. Ricketts cite notamment Josquin des Prés, considéré comme le premier maître de la polyphonie vocale au début de la Renaissance, ainsi que Claudio Monteverdi.

 

« La musique ancienne est une machine à remonter le temps, s’enthousiasme Matthew Ricketts. C’est toujours fascinant d’imaginer le contexte dans lequel une musique a été composée. La musique a la capacité de nous faire voyager dans le temps autant que dans l’espace. »

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Blood Line, la ligne de chemin de fer qui a unifié le Canada

Cette notion de voyage est particulièrement présente dans Blood Line, deuxième commande de l’OSM cette année après Highest Light. À l’occasion du 150e anniversaire du Canada, l’OSM a demandé à Matthew Ricketts d’évoquer un moyen de transport qui a joué un rôle structurant dans l’histoire et l’identité canadiennes : le train.

 

Blood Line se développe en trois mouvements. Le nom du premier, Strands, fait référence aux brins d’ADN. « Les rails parallèles m’ont fait penser à l’image de la double hélice d’ADN, raconte Ricketts. On pourrait dire que le chemin de fer a transporté le code génétique des Canadiens d’un océan à l’autre. » Cette idée de filiation, de connexion vitale est d’ailleurs à l’origine du nom du morceau.

 

Par son tempo plus rapide et ses changements d’atmosphère, le second mouvement, Sequence, évoque la variété des paysages qui séduisent le voyageur pendant sa traversée du Canada. Le dernier mouvement, Shores, aboutit à la côte Pacifique. « J’ai pensé à ma ville natale, Victoria », se souvient Matthew Ricketts.

Blood Line sera présentée en création mondiale lors du concert Kavakos et le concerto pour violon de Mendelssohn le mardi 5 décembre et le jeudi 7 décembre, à 20 h, à la Maison symphonique de Montréal.

 

Matthew Ricketts rencontrera le public lors des Grands entretiens préconcert les 5 et 7 décembre.