DE BACH À REGER

DE BACH À REGER: L'ORGUE GERMANIQUE

PARTENAIRE DE SAISON

Maison symphonique de Montréal

Pour ce premier récital de la série, l’OSM reçoit Christian Schmitt, organiste allemand parmi les plus actifs de sa génération, membre de l’Orchestre symphonique de Bamberg. Le Grand Orgue Pierre-Béique résonnera au son d’œuvres majestueuses, dont une immense fantaisie de choral de Max Reger, compositeur dont on souligne en 2016 le centenaire du décès. Un début de saison à ne pas manquer!

Le Grand Orgue Pierre-Béique a été généreusement offert à l’OSM par madame Jacqueline Desmarais.

PRIX DES BILLETS

43$* à 62$*

JEUDI 22 SEPTEMBRE 2016

20h00

COMPLET

Orchestre symphonique de Montréal

Christian Schmitt
Orgue

PROGRAMMATION :

Merkel, Variations sur un thème de Beethoven (op. 109) (approx. 18 min.)

J. S. Bach, Fantaisie et fugue en do mineur, BWV 537 (approx. 10 min.)

Widor, Symphonie pour orgue no 6, op. 42, no 2 (extrait): I. Allegro (approx. 10 min.)

Mozart, Adagio and Allegro en fa mineur, K. 594 (approx. 11 min.)

Hosokawa, Cloudscape (approx. 7 min.)

Reger, Fantaisie et fugue sur le choral « Wie schön leucht uns der Morgenstern » de J. S. Bach, op. 40 (approx. 18 min.)

SÉRIE DE CE CONCERT: RÉCITALS D’ORGUE

NOTES DE PROGRAMME

Lorgue germanique est largement dominé par la figure de Johann Sebastian Bach. Non seulement celui qu’on a surnommé « le cantor de Leipzig » a-t-il réussi à opérer la synthèse des écoles d’orgue de son temps, mais on trouvera dans les générations de musiciens qui le suivent les nombreuses marques de son héritage. Combien d’entre eux analyseront ses œuvres et les diffuseront comme autant de modèles d’écriture contrapuntique, de créations savamment construites et si expressives ? La fréquentation de Bach par les compositeurs réunis dans le présent programme a contribué à forger leur personnalité musicale en plus de représenter pour eux une source constante d’inspiration.

GUSTAV ADOLF MERKEL

Né à Oderwitz, en Allemagne, le 12 novembre 1827. Mort à Dresde le 30 octobre 1885
Variations sur un thème de Beethoven, opus 45

Rien de mieux pour faire connaître un instrument que de jouer des variations sur un thème : d’une à l’autre, l’organiste donne à entendre le meilleur de la palette sonore dont il dispose. Le compositeur des Variations sur un thème de Beethoven a inscrit sur la partition quelques indications de registration, laissant à l’interprète une certaine liberté de choix. Derrière cette oeuvre se profile un compositeur injustement oublié, grand défenseur de la musique de Bach, auteur de neuf sonates pour orgue, de pièces pour piano et de musique chorale. Sa longue carrière d’organiste fait de lui un spécialiste de l’instrument, d’où son écriture éminemment organistique.

JOHANN SEBASTIAN BACH

Né à Eisenach le 31 mars 1685. Mort à Leipzig le 28 juillet 1750
Fantaisie et fugue en do mineur, BWV 537

Dans le parcours musical de Bach, la Fantaisie et fugue en do mineur aurait été composée à la fin de sa période de Weimar (vers 1716), au moment où il est organiste à la chapelle du duc Guillaume II, ou encore vers 1723 alors qu’il est kapellmeister à Köthen — les spécialistes ne s’accordent pas sur la chose. Quoi qu’il en soit, le musicien déploie toute l’expressivité que lui suggère la tonalité de do mineur. Conférant d’entrée de jeu un ton grave à la pièce, la première mesure fait entendre la note do à la pédale. D’abord jouée seule, elle sert ensuite de soutien à un motif suppliant au soprano, lequel est repris par les autres voix. À noter que cette Fantaisie se termine sur une demi-cadence : le discours n’est pas conclusif, il ne fait qu’une pause pour introduire le sujet de la fugue. D’un caractère moins sombre, celle-ci affirme dès le début les notes charnières de la tonalité (do et sol).

CHARLES-MARIE WIDOR

Né à Lyon le 21 février 1844. Mort à Paris le 12 mars 1937
Symphonie pour orgue n
o 6, opus 42, no 2 (extrait) : I. Allegro

Peu d’organistes de métier ne se sont pas mesurés aux symphonies de Widor. Tour à tour flamboyantes et expressives, ces vastes œuvres présentent l’avantage de mettre en valeur tant les ressources de l’instrument que celles de l’interprète. Si Widor n’est pas originaire des pays germaniques, il en connaît bien la musique et se réclame fortement de l’œuvre de Bach. De plus, en nommant « symphonies » ses grandes suites pour orgue, il fait le pont avec la tradition symphonique allemande. Parmi les dix que l’organiste de Saint-Sulpice a signées, la Symphonie no 6 est l’une des plus jouées : sa popularité tient pour une bonne part au caractère magistral de son premier mouvement, marqué Allegro. Après le cortège d’ouverture, un récitatif ponctué d’accords dramatiques s’avère d’un effet saisissant. La suite prend la forme de variations plus virtuoses les unes que les autres. On peut imaginer le sentiment d’exaltation qu’a pu éprouver le public à la création de l’œuvre, le 24 août 1878, lors de l’inauguration de l’orgue du Trocadéro.

WOLFGANG AMADEUS MOZART

Né à Salzbourg le 27 janvier 1756. Mort à Vienne le 5 décembre 1791
Adagio et Allegro en fa mineur, K. 594

Vers 1780, un comte viennois du nom de Joseph Deym-Müller ouvre un cabinet de curiosités qu’il aime agrémenter des sonorités de l’orgue, mais sans qu’aucun interprète n’ait à intervenir : la « machine » qu’il exhibe consiste en une série de tuyaux d’orgue reliés à un mécanisme d’horloge. L’automate joue à intervalles réguliers la musique déterminée par des rouleaux recouverts de pointes. En outre, le comte souhaite honorer la mémoire du baron Von Laudon qu’il a tenu en admiration et dont le mausolée se dresse au milieu du cabinet. C’est ainsi qu’il commande à Mozart une pièce de circonstance – l’Adagio et Allegro en fa mineur – qui sera terminée en 1790. En dépit de ce que suggère son titre, l’œuvre est construite en trois mouvements, le dernier étant une reprise de l’Adagio initial.

TOSHIO HOSOKAWA

Né le 23 octobre 1955 à Hiroshima
Cloudscape

Hosakawa est un nom connu de la musique d’aujourd’hui. Compositeur prolifique formé à Tokyo et à Berlin, il a récolté quelques lauriers au cours de sa carrière : en plus d’avoir fondé, en 1989, un festival de musique contemporaine au Japon, il est nommé compositeur en résidence à l’Orchestre symphonique de Tokyo et membre de l’Académie des arts de Berlin en 2001. Avec Cloudscape, créée en juillet 2003 à Avignon, Hosakawa veut évoquer des shôs, orgues à bouche japonais traditionnels. Les pieds et les mains de l’organiste représentent trois shôs distincts, discourant tantôt séparément, tantôt en convergence, pour générer des harmonies troublantes. Le titre suggère également une invitation à quitter notre paysage sonore familier afin d’accéder à un univers en suspension. Une sensation d’apesanteur s’installe dès les premiers instants, avec la superposition de couches de sons dans le registre aigu du clavier, séparées au début par de longs silences et s’accumulant en amas de plus en plus denses. L’ajout de différents jeux à l’orgue et l’épaississement des masses, formées maintenant dans le registre grave, assombrissent l’atmosphère. Toutefois, ce temps orageux se dissipe pour ramener la sérénité initiale : à la fin, une note unique scintille, dépouillée des sons qui l’encombraient, avant que la musique ne s’évapore tout à fait.

MAX REGER

Né à Brand, en Bavière, le 19 mars 1873. Mort à Leipzig le 11 mai 1916
Fantaisie et fugue sur le choral « Wie schön leucht’uns der Morgenstern », opus 40, n
o 1

Les œuvres pour orgue de Max Reger ne sont pas conçues pour les débutants. Une écriture extrêmement chargée les caractérise : à l’instar de Bach, Reger élabore de vastes fresques, souvent sous forme de diptyques (Prélude et fugue ou Fantaisie et fugue), où le contrepoint atteint un degré de complexité inégalé et les traits virtuoses fusent de toutes parts. C’est le cas de la Fantaisie et fugue sur le choral « Wie schön leucht’uns der Morgenstern » (Avec quelle beauté brille l’étoile du matin), une hymne chantée à la fête de l’Épiphanie dans les églises luthériennes depuis le 17e siècle. Selon Michel Roubinet, spécialiste de l’orgue, le choral « a été compris par Reger non pas seulement comme se rapportant à l’enfance du Christ, mais comme prolongement de sa vie terrestre, soit son retour après le Jugement ». Il en résulte une pièce grandiose dont le thème, faisant écho au texte de l’hymne, brille comme l’étoile, « pleine de la grâce et de la vérité du Seigneur ».

© Hélène Panneton pour Le Trait juste

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